Cette association qui finance des voyages en solo et sac au dos
Date de parution
Liens vers l'article
Extrait
«Les voyages forment la jeunesse», prescrit l’adage populaire. Les «Z», ces anciens lauréats des bourses Zellidja, qui permettent au moins de 20 ans de financer un voyage de plus d’un mois réalisé seul, confirment, à l’unanimité. Années après années, l’association Zellidja, qui porte le nom des mines découvertes par son fondateur, Jean Walter, poursuit l’objectif énoncé par ce dernier il y a plus de 70 ans: «Donner aux jeunes le moyen de compléter leurs études par des connaissances qu’ils n’ont pas acquises dans les établissements scolaires et n’acquerront pas davantage dans les grandes écoles ou en faculté.» Des personnes aujourd’hui célèbres dans bien des domaines en en profité dans leur jeunesse. On compte ainsi notamment l’avocat Serge Klarsfeld, l’écrivain Philippe Labro ou encore l’artiste Daniel Buren parmi les anciens «Z».
Une «expérience initiatique»
Juliette Singer, conservatrice du patrimoine et directrice chargée des collections de Paris Musées est partie avec Zellidja il y a une vingtaine d’années. Elle est aujourd’hui présidente de l’association qui délivre ces bourses qui incitent les jeunes à aller voir le monde par eux même pour «rendre un peu de ce qui [lui] a été donné à l’époque». Élève en khâgne, elle se souvient avoir vu dans son lycée une affichette qui parlait de ces bourses. «Je me suis dit qu’elle avait été mise là juste pour moi», s’amuse-t-elle, passant outre l’avis de ceux, nombreux, qui lui rappellent qu’entreprendre un long voyage alors qu’elle devrait se consacrer à la préparation de concours n’est pas bien raisonnable. «Si on réfléchit comme ça, le temps, on ne l’a jamais!» Et d’ajouter: «4 semaines, dans une vie, ce n’est rien». Et pourtant, celles qu’elle passera en Roumanie, puis au Vietnam, auront un impact déterminant sur sa trajectoire. «C’est une expérience initiatique que l’on porte véritablement avec soi toute sa vie, analyse-t-elle. Rétrospectivement, je pense que ma vocation est née lors de mon premier voyage, au cours duquel j’ai découvert l’art brut.»
«Si j’ai réussi ça, je réussirai le reste!»
Les lauréats plus récents ont certes moins de recul sur l’apport de ces expériences, mais sont tout aussi enthousiastes. Chloé Vermeulin, 20 ans et deux voyages en solo à son actif, décroche cette année le prix Jean Walter pour la qualité de ses carnets de bords. Car ces voyages ne sont pas pur loisir: pour obtenir une subvention, qui peut aller jusqu’à 900€ pour un premier voyage ou 1100€ pour un second, il faut soumettre un projet construit. Chaque jeune doit soumettre un fil conducteur, un objet d’étude qui guidera son voyage, et en rendre compte à son retour. «Ces voyages sont vraiment l’occasion de prendre du recul, on est beaucoup plus sensibles à ce qui nous entoure, aux autres…», estime Chloé. C’est «une expérience qui donne des ailes conclut Alice Lemoal, une autre ‘Z’. Partir seul, jeune et loin est une expérience hors norme. Depuis, je me dis toujours: ‘si j’ai réussi ça, je réussirai le reste!’»