Festival Zellidja : insuffler la fièvre du voyage

Date de parution

01/11/2024

Liens vers l'article

https://lopinion.com/articles/culture/25804_festival-zellidja-voyages-jeunes

Extrait

Depuis 1939, la Fondation Zellidja octroie des bourses de voyage à des jeunes entre 16 et 21 ans. En 85 ans, le format a bien évolué, pour aujourd'hui déboucher sur un festival de films amateurs.

C'est sous le fervent défenseur de la culture populaire, Jean Zay, que la Fondation Zellidja a été créée. De l'initiative du mécène Jean Walter, le dispositif attribue des bourses aux adolescents pour réaliser un voyage en solitaire, autour d'un sujet d'étude de leur choix.

J'ai moi-même eu la bourse quand j'étais lycéen, et je suis redevable à cette fondation. Mes parents étaient démunis, je n'aurais jamais eu l'occasion de voyager sans cela", explique Jean-Pierre Bataille, membre de l'association Zellidja, à la rédaction.

À hauteur de plusieurs centaines d'euros, les participants sont libres de voyager où bon leur semble, dès lors que la destination est motivée et l'organisation du voyage bien rôdée.

Le but est de leur apprendre à se débrouiller lorsqu'ils sont totalement seuls, à savoir rebondir. Via leur sujet d'étude, ils vont observer quelque chose qui leur plaît, qui les intéresse personnellement", explique le retraité.

Les jeunes ont la possibilité de transmettre leurs découvertes sous format écrit ou audiovisuel. Jean-Pierre Bataille a donc décidé de créer le Festival Zellidja, pour valoriser ces productions. Une façon nouvelle de garder une trace de cette expérience enrichissante, qui marque souvent les participants de façon pérenne et positive.

Se découvrir soi et les autres

Rebacca Arondel est une étudiante de 23 ans ; elle a réalisé deux voyages avec Zellidja, dont le premier en 2021.

Je suis partie faire un tour de la Bretagne en pleine autonomie. Étant originaire de la région, je me suis intéressée à la transmission de la culture bretonne vers les jeunes générations", explique la jeune femme.

Lors de son trip en Bretagne, Rebecca a visité de nombreux paysages, dont la Pointe du Raz, située au Sud-Ouest du Finistère. © Rebecca Arondel

Son étude a été motivée par une quête personnelle, des questionnements sur sa propre famille.

J'ai vraiment apprécié partir avec un but, un projet, ne pas juste être dans la consommation touristique. Nous rencontrons des gens, découvrons leurs cultures : on s'imprègne totalement du voyage".

Rebecca a également réalisé un voyage au Maroc, pour y interroger les femmes musiciennes. Ici, elle était à Chefchaouen. © Rebecca Arondel

Anna Sampéré a quant à elle mené une enquête auprès des familles indiennes au sud du pays, pour les questionner sur leur rapport à l'amour.

Les gens que j'ai rencontrés étaient curieux et bavards sur ce sujet, qui est vaste. Au final, on rencontre tellement de nouvelles personnes que nous ne sommes jamais vraiment seuls", témoigne l'étudiante marseillaise.

Pendant son excursion, elle a côtoyé la famille d'Anita, vivant dans la région indienne de Kerala, à Munnar. © Anna Sampéré

Ces parenthèses baroudeuses, qui durent en moyenne un mois, les poussent à confronter leurs a priori et leurs conceptions des autres cultures du monde. Ce contact reste, pour la plupart, profondément gravé dans leur parcours.

Un voyage déterminant

Les jeunes voyageurs interrogés sont unanimes : ces expéditions leur ont donné goût à la découverte. Originaire de Toulouse, Ahmed Bougriane était parti en 2012 en Palestine ainsi qu'en Israël, pour appréhender la vie des populations sur place.

Ce voyage m'a fait me rendre compte que j'étais capable de partir tout seul. Depuis, j'ai énormément voyagé, jusqu'à atterrir au Japon où je me suis installé", raconte le jeune ingénieur.

La barrière de la langue, la peur de quitter ses proches ou la nécessité de compter sur soi-même n'ont pas découragé les boursiers de Zellidja. Ces expériences se sont révélées très formatrices, pour "se forger au monde" comme le présente Jean-Pierre Bataille.

Pour la première fois en 85 ans, la fondation Zellidja organise un festival autour des productions réalisées par les jeunes nomades. Une partie d'entre eux se réunira les 9 et 10 novembre prochains, au Hangar de la Cépière à Toulouse pour présenter leur voyage et leur sujet d'étude, sous la forme d'un film, d'un podcast ou de textes. Le patriarcat en Turquie, les conflits ukrainiens ou palestiniens, l'amour en Inde ou les peuples autochtones de Guyane : la projection se présentera comme un véritable tour du monde.

Journaliste

Léna SAOUI

Média

Image

Une question ? Besoin d'aide ?
Une F.A.Q et un formulaire de contact sont disponibles en ligne.